🔥 Une peine maximale : le reflet d’un tournant ?

Le 7 juin 2025, la cour d’assises d’Agen a condamné Yassine El Azizi à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir mortellement percuté la gendarme Mélanie Lemée, fauchée lors d’un contrôle routier en 2020. Derrière cette affaire tragique, se dessine un phénomène plus vaste : la radicalisation de la réponse pénale en cour d’assises, où siègent des citoyens ordinaires aux côtés des magistrats.

Ce jugement n’est pas un cas isolé, mais le signe d’une justice populaire de plus en plus répressive, galvanisée par une opinion publique en quête de fermeté et de symboles.

⚙️ Assises et jurés : qui décide vraiment ?

Contrairement à une idée reçue, les cours d’assises ne sont pas composées uniquement de magistrats professionnels. La loi impose la présence de jurés populaires : des citoyens français tirés au sort sur les listes électorales.

➤ Composition d’une cour d’assises :

• 3 magistrats professionnels : président et deux assesseurs
• 6 jurés citoyens (9 en appel)
• Décision rendue à la majorité qualifiée de 7 voix sur 9 (ou 8 sur 12 en appel)

Chaque juré dispose d’un pouvoir égal à celui du président. Ce sont donc les citoyens eux-mêmes qui rendent la justice dans les affaires criminelles les plus graves : viols, meurtres, homicides volontaires.

📣 Pourquoi les peines sont-elles plus lourdes aux assises ?

Plusieurs études montrent que les jurés populaires ont tendance à prononcer des peines plus sévères que les magistrats professionnels. Pourquoi ?

• Empathie envers la victime : souvent plus marquée.
• Méconnaissance du système pénal : certains jurés croient à tort que 30 ans = 30 ans sans réduction.
• Contexte médiatique et émotionnel : l’environnement social joue un rôle fondamental.
• Effet d’entraînement collectif : la délibération en groupe pousse parfois à la surenchère.

Dans l’affaire El Azizi, la gravité des faits et le statut de la victime ont certainement renforcé le poids de l’émotion sur la rationalité juridique.

🧠 Le paradoxe démocratique de la justice criminelle

On célèbre souvent la participation citoyenne comme un progrès démocratique. Pourtant, elle interroge : faut-il confier le sort d’un accusé à des personnes sans formation juridique, exposées aux émotions du procès ?

Le rôle de l’avocat pénaliste devient alors décisif :

• Traduire la logique juridique en langage accessible pour convaincre les jurés.
• Contenir l’émotion pour éviter les effets de compassion déséquilibrée.
• Cadrer les enjeux juridiques réels pour éviter une "peine exemplaire" qui serait contraire au principe d’individualisation.

📝 Devenir juré : mode d’emploi

Tout citoyen français peut être désigné comme juré d’assises, sous certaines conditions :

Conditions :

• Être âgé de 23 ans minimum
• Savoir lire et écrire en français
• N’avoir jamais été condamné pour crime ou délit
• Être inscrit sur les listes électorales

Étapes :

1. Tirage au sort automatique à partir des listes électorales (chaque année)
2. Réception d’un avis de présélection
3. Entretien avec le président de la cour
4. En cas de confirmation : obligation de participer, sauf motif grave

💡 Refuser sans motif valable peut entraîner une amende jusqu’à 3 750 €.

📉 Vers la fin des assises populaires ?

Depuis 2019, les cours criminelles départementales se substituent progressivement aux cours d’assises dans les affaires non passibles de la perpétuité. Ces nouvelles juridictions ne comportent aucun juré, uniquement 5 magistrats professionnels.

➡️ Moins de démocratie ? Plus de cohérence juridique ?

 ➡️ Moins d’émotion, mais aussi moins de diversité des sensibilités dans les jugements ?

L’affaire El Azizi pourrait être l’un des derniers exemples emblématiques d’une justice rendue « par le peuple, pour le peuple ».

👨‍⚖️ L’analyse de Me Nicolas PAGANELLI, avocat pénaliste à Paris

"Le procès d’assises est l’un des derniers lieux où le citoyen rencontre directement le droit dans sa dimension la plus brute : celle de la vie et de la liberté. Mais il faut être lucide : dans un contexte d’hyper-exposition médiatique et de tension sécuritaire, la justice populaire devient parfois une caisse de résonance de la vindicte sociale. Le rôle de l’avocat est alors crucial : non seulement pour défendre l’accusé, mais pour défendre la justice elle-même."

📍 Conclusion – Assises, émotion, société : une justice sous pression

L’affaire Mélanie Lemée révèle bien plus qu’un fait divers tragique. Elle interroge notre rapport collectif à la justice, à la peine, à la démocratie judiciaire. Dans une époque où le désir de répression grandit, le procès d’assises devient un miroir de nos angoisses sociales.

Pour naviguer dans cette complexité, la défense pénale ne peut plus être passive ou traditionnelle : elle doit être stratégique, pédagogique et profondément humaine.

Pour toute affaire criminelle à Paris ou en France, faites appel à Me Nicolas PAGANELLI, avocat pénaliste reconnu pour sa capacité à convaincre les magistrats comme les jurés.

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